L'histoire a retenu le nom des trois frères
Bernardet,
unis dans une aventure industrielle des années 1920 à 1956,
période
pendant laquelle ils font figure d'innovateurs,
de précurseurs
et d'inventeurs.
Ils ont acquis une notoriété internationale dans la fabrication de side-cars puis de scooters.
Ci-dessus : Roger, René et Robert Bernardet en 1952.
Les frères Bernardet étaient quatre : André, l'aîné, René, Robert et Charles.
André (16/02/1897-25/06/1975), l'aîné, naît à Boulogne-sur-Seine.
En 1898, la famille Bernardet déménage à Soissons dans l'Aisne où naît René le 29 mai 1898, Robert le 8 novembre 1899, puis Charles le 26 juillet 1902.
Nous reparlerons d'André dans la partie Courses
de Scooters.
En 1910, leur mère Hélène (16/09/1875-01/08/1974, à 99 ans), femme de fort
caractère et personnage dominant de la famille, estime que Soissons ne
convient plus à leurs projets d'avenir. Elle décide son mari Henri (14/03/1870-18/03/1955), charcutier puis chef d'atelier mécanique, de déménager à
Paris, dans le 14e arrondissement.
En 1914, la guerre éclate ; Henri est le premier mobilisé à l'âge de 44 ans. Puis, au cours de ces quatre années, André, René et Robert sont aussi mobilisés. Charles, le plus jeune, n'a que 12 ans.
René (29/05/1898-01/07/1991), est employé
à la firme Nieuport en qualité de “spécialiste”
aux prototypes des avions de chasse ; il est affecté dans l'Aviation. Bien
qu'étant de la classe 1918, il est appelé en mars 1917 pour rejoindre
l'école d'Aviation, à Tours. Après 10 mois d'école,
il entre à l'Escadrille BR43 de Bulainville, à l'entretien des avions
au sol jusqu'à la fin de la guerre, où il apprend le travail de
la tôle, de la mécanique et retiendra ses leçons d'aérodynamique.
René avait un bon coup d'œil et le dessin facile. Il devient le concepteur-dessinateur des modèles de la marque.
Robert (08/11/1899-04/07/1978) entre dans l'Aviation à Villacoublay.
Il s'occupe plus tard de la partie mécanique de l'aventure, après une expérience dans les échafaudages.
Charles (26/07/1902-20/02/1996), effectue son service militaire dans les Services Techniques
de l'Aviation, en 1922 à Versailles.
Il s'affirmera comme l'administrateur, le gestionnaire.
La paix retrouvée à la fin de la Première Guerre Mondiale, Hélène et Henri Bernardet, tous épargnés par les malheurs, découvrent le génie inventif de leurs enfants qui cherchent constament à innover.
Pour occuper leurs dimanches, les trois frères adorent et pratiquent le cyclisme, sport attirant déjà de nombreux spectateurs le long des routes.
Mais en tant que soldats, ils ont connu les motos. Ils achètent une Harley-Davidson 1000cm3 modèle J de 1919 aux surplus de l'armée Américaine et trouvent le side-car américain d'origine assez laid.
En 1921, René et Charles décident de construire un premier side-car.
Deux autres side-cars sont produits en 1922. Au gré de leurs promenades
dominicales, ils se font remarquer et les commandes arrivent. Très vite, la fabrication artisanale
prend de l'ampleur et ils participent à des expositions.
Les modèles
exposés aux Salons de Paris, Genève et Berlin sont un succès.
Fin 1924, leur frère Robert se joint à eux.
Cette réunion va durer plus de trente ans.
les 3 R de René, Robert et Roger BERNARDET.
De gauche à droite :
Roger,
René et Robert Bernardet
devant l'entrée de l'Atelier de Bourg-la-Reine en 1929,
side-car attelé à une Gnome et Rhône 500 D4.
Assise dans le side-car, Yvonne Bernardet, leur secrétaire,
épouse Roger en 1932.
La S.à.r.l. "Établissements
BERNARDET Frères"
est fondée le 13 décembre 1932.
Pour célébrer leur réussite, ils décident
de tous se marier religieusement le même jour, le 21 décembre 1932, à l'église
St-Pierre de Montrouge à Paris, 14e, dite église d'Alésia.
Le mariage est suivi par une foule importante et est largement commenté dans la presse motocycliste.
Les années 1933 à 35 sont fructueuses
: les ventes, les courses, les grands raids, les records...
En 1935, Bernardet est le seul fabricant de side-cars en Europe à détenir 22 records du monde.
1933-34 marque le début des fabrications de side-cars pour l'Armée Française.
Des milliers de side-cars de tous types furent fournis.
Pour faire façe à leur expansion, ils font construire, en 1937,
une grande usine de plus de 6.500 m2
au 104, avenue de la République, à
Chatillon-sous-Bagneux (92).
C'était l'une des premières en France à être dotée d'une
chaîne de montage.
Au retour de l'exode en Juillet 1940, ils reprennent possession de leur usine
intacte.
En Août 40, ils sont réquisitionnés par les Allemands, qui les contraignent à fabriquer des modèles spécifiques.
La Résistance s'installe au sein de l'Usine.
Mais à la Libération, l'Usine n'a plus aucune commande en cours. Il leur faut pourtant continuer une petite production de side-cars, trouver des nouvelles idées...
Contruire une voiture ? Ou observer un nouveau véhicule étrange à 2 roues venu d'Italie ?