Trois des scooters fabriqués pour l'Armée
sont préparés en un mois, peints couleur sable.
Les trois pilotes, âgés de vingt ans, étudiants à l'école
des Travaux Publics de Cachan, sont, de gauche à droite :
Le cadre du scooter est renforcé, équipé
d'un réservoir d'eau potable de 30 litres sur le garde-boue avant, d'un réservoir
de 15 litres d'huile à droite de la selle, plus deux bidons accrochés sur les côtés.
Les pièces détachées, dont un moteur et demi de rechange
démonté, sont réparties sur les trois machines dans leurs
deux énormes sacoches de cuir et deux roues de
secours. Ils emmènent aussi une valise d'effets
personnels contenant même un costume de réception !
Ce qui porte le poids de ces scooters à plus de
270 kg, auquels il faudra ajouter 2 jerricans d'essence de 25 litres au cours
du trajet... plus le pilote !
Ils partent le Dimanche 9 août 1953 du parvis de Notre-Dame à Paris.
L'un des scooters au départ sur le parvis de Notre-Dame à Paris.
Les trois scooters au départ devant Notre-Dame, des badauds s'attardent..
En costume sombre, René Bernardet au centre s'entretient avec les 3 pilotes.
Sur la droite, Françoise Bernardet, fille de René.
Elle épousa André Fresneau quelques années plus tard.
Le trajet prévoyait des étapes quasiment impossible à tenir de 300 à 500 kms par jour
dans le désert, une arrivée à Dakar le 27 août, Abidjan
le 8 septembre, retour par Niamey le 15 septembre, Gibraltar le 29, avec une arrivée à Paris le
4 octobre pour exposer au salon.
Dès Casablanca, Agadir, Tindouf, les pistes ont rapidement raison
des moyennes et des distances prévues avec un maximum de 300 km en 15 heures
de selle épuisantes par jour...
Un scooter n'est pas adapté à une position de conduite debout, impossible à tenir sur un "bourricot-toumoubile" de ce poids, comme les surnomment les villageois africains !
Les pneus crantés se révèlent inadaptés à la conduite sur sable, la soufflerie du moteur envoie trop de sable sur la chaîne de transmission qu'il faut régulièrement dégraisser à l'essence. Ils chutent dix fois par jour en roulant sur des poches de sable mou, restant parfois longtemps sonné par le vol plané et la chute.
Dans le désert nord Mauritanien après Bir Moghrein (Fort Trinquet), André Fresneau chute lourdement, reçoit le scooter sur la cheville et est blessé. Après une nuit dans le désert à attendre le passage hypothétique d'un camion, il est finalement rapatrié dans un avion Junker à l'hôpital d'Agadir, le 11 septembre, où il restera 5 jours, puis rentrera en France.
Son scooter est transporté jusqu'à Agadir. Le prix demandé par le transporteur pour le renvoyer à Paris est trop élevé, le scooter restera à Agadir. Les 2 compagnons poursuivent leur route, mais ne donnent plus de leurs nouvelles à l'usine. Les Bernardet considèrent le raid comme un échec.
Voir la carte du trajet ci-dessous.
Néanmoins, Michel Donadoni et Jean Bardot poursuivent leur périple.
Michel Donadoni casse son tube de direction qu'ils réparent tant bien que mal, attendant la nuit que le métal refroidisse. Ils traversent les dunes de sable du sud Mauritanien à pied en poussant leurs machines.
Ils font ressouder la direction dans les Mines près d'Akjoujt.
Ils rejoignent Nouakchott où ils se baignent seuls sur une plage bordée de trois maisons !
Puis ils atteignent enfin Dakar.
Ravitaillement en essence à Dakar pour Michel Donadoni et Jean Bardot.
Cette partie de l'Afrique, montagneuse, pluvieuse, boueuse a eu raison de leur projet, Abidjan est résolument trop loin.
Après des réparations à Télimélé en Guinée, ils changent leur itinéraire et se dirigent vers Conakry.
L'aventure se termine à Conakry. Après avoir enfin tenté de joindre l'usine Bernardet pour obtenir des pièces, trop chères à leur envoyer, les scooters sont restés à Conakry et eux aussi.
Ils y vivront environ un an.
Voir la carte du trajet ci-dessous
58 ans après, la vérité nous parvient !
Le 1er Juin 2011, nous avons pu avoir le fin mot de l'histoire lors d'une exceptionnelle rencontre avec Jean Bardot de passage à Paris. IL est venu rendre visite à André Fresneau et nous avons rouvert les albums photos !
Il a eu la gentillesse de nous raconter sa partie du trajet et nous a livré ces informations inédites, 58 ans après ! Nous le remercions chaleureusement.
Il avait déménagé au Brésil après son retour de la Guerre d'Algérie. Michel Donadoni a longtemps résidé en Grèce, il y décédé vers 2006.
Un article est paru dans "La Vie de la Moto"
No 222 du 1er mars 1998.
Ils étaient partis avec la Carte Michelin du Maroc
et le Guide du Tourisme au Sahara en poche !!
Dans le guide du tourisme au Sahara, page 457 :
le texte de la Réglementation officielle, Code Saharien de la Route
commence par :
C'est clair...
En ROUGE le trajet ALLER effectué à trois depuis paris,
puis à deux après l'accident d'André en Mauritanie.
En ROUGE FONCÉ, la BIFURCATION vers Conakry après Télimélé en Guinée.
En VERT le trajet ALLER prévu jusqu'à Abidjan.
En ORANGE le trajet RETOUR prévu via Niamey et le Sahara algérien.