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LES VOITURES BERNARDET

Les Salons de l'auto 1946 et 1947

Un second prototype est réalisé dans la foulée du 1er, sur la même base mécanique et c'est essentiellement la carrosserie qui est affinée.

Photographiée ici devant l'entrée de l'Usine de Chatillon, étudié sur la même base, le capot, assez proéminent, reçoit une calandre redessinée, frappé de l'emblème aux trois R-BF entrelacés identique à celui ornant les cache-écrous des roues de sides (voir l'emblème en tête de page).


Pour la partie mécanique, cette traction avant à 3 vitesses, garde son 4 cylindres transversal à plat de 800 cm3, 5CV fiscaux, 23 ch à refroidissement par eau. Tout l'ensemble du train avant, moteur, transmission, suspension est amovible et se libère d'un seul bloc de la carrosserie. La suspension avant est à ressorts à boudins, l'arrière à ressorts à lames. Son poids de 450 kg lui permet d'atteindre une vitesse annoncée proche des 100 km/h.
Les roues sont chaussées de 135 x 400. Sa voie est de 117 cm, l'empattement de 207 cm.


L'intérieur, accessible par des portes s'ouvrant face à la route, est composé d'une large banquette, le compteur est en position centrale et le changement de vitesse est rattaché à la colonne de direction.

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Ce 1er modèle est d'abord présenté au salon de Genève en janvier 1946.

Une fois les portes fermées et les vitres latérales montées, la visibilité est large car le pare-brise est sans montant, selon le procédé VUTOTAL inventé par Jean-Henri Labourdette et cédé en licence à Bernardet.

Ce prototype fut légèrement modifié avant d'être exposé au 33e Salon de l'Automobile à Paris
au mois d'octobre 1946 sur le stand Bernardet du premier Salon de l'Auto d'après guerre en Europe.

Calandre, pare-chocs avant, grilles des ouïes latérales, ailes avant, capote ou encore vitres de côté sont revus.

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Ce Salon d'octobre 1946 est d'abord celui de l'illusion puisque presque rien n'y est à vendre. Les voitures exposées sont réservées en majeure partie à l'exportation dans le but d'obtenir les devises dont notre économie a besoin.

Bernardet tient y à être présent pour démontrer son savoir-faire et affirmer ses nouvelles prétentions. Et, surtout, espérer obtenir ces fameux bons matières du Gouvernement communiste de 1946 qui auraient permis d'envisager une production en série de leur petite traction avant qui suscite un certain intérêt chez les visiteurs.

De graves divergences d'opinion vont opposer les frères Bernardet au Ministre de l'Industrie et du Commerce, Robert Lacoste, qui exige leur inscription au Parti Communiste en échange de son soutien et de l'aide matérielle de l'État.
Solidaires, les trois frères refusent ce chantage et après avoir déposé plusieurs brevets concernant leur voiture, décident de prendre contact avec la société italienne CEMSA Caproni.
Deux ingénieurs de l'Usine partent en Italie, traversent les Alpes avec le prototype. Ce qui avait permis de couper court à une mauvaise rumeur concernant les performances, voire l'impossibilité à rouler de ces voitures.
CEMSA Caproni se rétracte après étude, refuse de restituer le prototype qui lui a été confié.

Cette voiture est restée introuvable à ce jour.

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Sur le stand RRR BF pour Bernardet Frères, du 34e Salon de l'Auto qui ouvre ses portes le 23 octobre 1947, on peut admirer le cabriolet présenté l'année précédente, seul survivant de l'aventure italienne ratée, mais modifié par d'infimes détails de ligne.


La calandre a quatre barres chromées, placée moins haut et les enjoliveurs sont d'un diamètre plus large.

Salon auto Paris 1947

À côté de ce cabriolet, une berline de luxe est exposée, plus large et plus spacieuse, pouvant accueillir quatre personnes sous son hard-top. La base mécanique reste identique, seule la carrosserie ayant été profondément revue.

Bien que présentant de sérieux arguments commerciaux, cette voiture a la mauvaise idée d'entrer en concurrence directe avec la Renault 4 CV qui sera bientôt lancée par la Régie National des Usines Renault, la RNUR.

Les institutions gouvernementales bénéficiant d'évidentes prérogatives, il faut certainement y voir une relation de cause à effet au nouveau refus du gouvernement d'accorder à la société Bernardet les bons indispensables pour acheter les matières premières nécessaires à la fabrication en série de la voiture.

C'est une nouvelle déception pour les frères Bernardet, d'autant que le cabriolet et la berline reçoivent un accueil tout aussi chaleureux aux Salons de Genève et Bruxelles, qu'à celui de Paris. Mais les commandes passées durant les Salons doivent être remboursées, c'est un gros échec commercial pour l'Usine.


Plutôt que de s'entêter face à une coalition politico-économique qui les a largement endetté, Bernardet décide de se tourner vers le scooter.